Évolution de l'e-gouvernement vers le web 2.0 et l'open innovation
(e-Government evolution towards web 2.0 and open innovation)

Date: 3
décembre 2010
Lieu: Institut TELECOM, salles E101 & E102, 46 Rue Barrault, 75013 Paris
 
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  Résumé du projet

L'e-gouvernement (ou l'e-administration) désigne d'une l'Internet et du commerce électronique pour la transformation des procédures administratives en de nouveaux services publics interactifs et transactionnels, et d'autre part, la réorganisation des administrations et la réforme de l'Etat afin d'optimiser l'efficacité et la qualité des services rendus aux citoyens et aux entreprises. Il désigne aussi la création d'un nouvel espace démocratique dans lequel les relations entre les instances de l'Etat, les citoyens et les entreprises sont redéfinies selon des perspectives d'échanges, de participation et de consultation démocratiques. Au-delà de la modernisation de l'Etat et de l'alignement avec les évolutions du secteur privé de l'économie, l'e- gouvernement aboutit à remettre en cause et à repenser les modes d'action et de fonctionnement de l'Etat et des services qu'il rend dans un nouvel esprit d'ouverture, d'interactivité, d'efficience et d'économie1.

Des progrès énormes ont été réalisés dans le monde ces dernières années en direction des citoyens et des entreprises en termes d'e-gouvernement. En France, on peut citer des réalisations telles que la déclaration en ligne des revenus (G2C), la gestion électronique du changement de domicile avec le site mon.service-public.fr (G2C et G2G) ou la dématérialisation des marchés publics (G2B). Cependant, c'est dans le volet de la participation et de l'échange citoyen-gouvernement et entreprise gouvernement que les réalisations sont moins nombreuses et le développement moins spectaculaire. A l'ère du web2.0 et de l'explosion des réseaux sociaux, les organismes publics commencent à analyser attentivement le développement du web collaboratif et à réfléchir à de nouvelles voies de développement de l'e-gouvernement qui soient compatibles avec leur mission de service public et avec les contraintes spécifiques qui en découlent. C'est ce qui ressort notamment d'un rapport d'analyse issu des travaux du groupe "Experts Numériques" et qui a été remis au ministre du Budget et à la secrétaire d’état chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique2. Un objectif majeur identifié est d'améliorer les interactions entre usagers et administrations en donnant davantage la parole à ceux-ci, en créant un laboratoire de test d’usages pour mettre au point et finaliser les services avant leur lancement, ou en systématisant la possibilité pour l’usager de noter les sites Internet des administrations et de rendre public les résultats. Cependant, la simple transposition dans la sphère publique des pratiques connues du web 2.0 n'est évidemment pas une solution. Par exemple, en imaginant la mise en place d'un forum de type "Yahoo Questions / Réponses" ou "Comment ça marche" où les citoyens pourraient s'entraider sur leurs démarches administratives, la question se pose alors de la responsabilité si une erreur est mentionnée sur un tel site, par exemple sur l'interprétation de règles fiscales.

Le terme e-gouvernement 2.0 désigne ainsi les applications spécifiques des réseaux sociaux et du web 2.0 dans la sphère des services publics en ligne. Beaucoup d'avantages sont attendus tels qu'une meilleure adéquation entre les services offerts et les attentes des citoyens, une meilleure adoption des services en ligne par les citoyens, ou une meilleure maîtrise des coûts et des délais dans la mise en place de nouveaux services. Il soulève aussi de nouvelles problématiques de recherche qui ont été récemment identifiées dans un travail d'experts mandatés par la commission européenne3. Cependant, c'est probablement l'introduction du concept de l'open innovation dans la sphère publique qui constitue un des aspects les plus nouveaux et le plus prometteur en termes de champs de recherche à explorer. Introduit en 2003 par H. Chesbrough4, ce concept invite les organisations à chercher et à développer les idées innovantes non seulement à l'intérieur de leurs laboratoires de recherche, mais aussi à l'extérieur chez tous leurs partenaires en impliquant ceux-ci dans le processus de création de produits. Dans un monde globalisé avec une large distribution des connaissances, les organisations ne peuvent plus compter uniquement sur leur propre recherche, mais doivent collaborer avec leurs clients, leurs partenaires commerciaux et même avec leurs concurrents selon de nouvelles modalités organisationnelles et opératoires (partage des droits d'auteur, invention libre de droits, achats de licence, sous-traitance et joint-venture, etc;). L'open innovation désigne ainsi autant de nouvelles pratiques pour faire émerger et capter l'innovation, que de nouveaux modèles cognitifs pour créer, analyser et interpréter de telles pratiques5.

Appliqué dans le contexte de l'e-gouvernement, l'open innovation pourrait devenir pour les administrations publiques un formidable levier pour stimuler la créativité, améliorer en profondeur l'efficience et la qualité des services rendus, et construire une nouvelle relation avec le citoyen. Plusieurs propositions dans le rapport sur l'amélioration de la relation numérique à l’usager6 font référence à l'innovation, tels que la création d'une plateforme d’innovation de services "Etat lab" permettant à des acteurs tiers de développer des services innovants à partir des données publiques, ou la création d'une communauté d’entraide sur le modèle de "comment ça marche". L'open innovation constitue aussi un défi pour les administrations7 car elle nécessite la transformation de l'état d'esprit vers le partage et la diffusion des informations et des connaissances, la remise en cause de certains modèles d'affaires et de gouvernance, ou la maîtrise de nouveaux outils technologiques. Dans cette demi-journée, nous souhaitons réunir une vingtaine d'experts en e-gouvernement issus autant de la sphère professionnelle que de la sphère académique dans un Focus Group. L'objectif est de réfléchir ensemble sur le concept d'open innovation, son applicabilité et ses apports dans le contexte de l'e-gouvernement, les problèmes et inconvénients que cela peut soulever, ainsi que les voies à explorer pour identifier, appliquer et évaluer des solutions et des alternatives. Une allocution d'ouverture de 45' faite par un chercheur international ou un expert de la sphère publique permettra de situer le débat et de poser les grandes lignes de la réflexion. La séance de brainstorming de 2h30 sera supportée par un outil de collaboration électronique (élaboré par notre partenaire et sponsor Sphinx 8) qui facilite d'une part l'émergence et le partage d'information et de connaissance, et d'autre part, il assiste le modérateur/facilitateur dans le contrôle du processus de réflexion pour faire converger les avis et les opinions. Cet outil facilitera aussi l'élaboration d'une note de synthèse qui résume le résultat du processus de réflexion et qui sera présenté et discuté avec tous les participants. L'équipe organisatrice de cet événement est composé de plusieurs enseignant-chercheurs avec des compétences transversales.

Références :

1 S. Assar, I. Boughzala (éditeurs): "Administration électronique - Constats et perspectives" Hermès Lavoisier, 2007.

2 "Amélioration de la relation numérique à l’usager", Rapport du groupe d’experts de la relation numérique à l’usager – février 2010, http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/104000078/index.shtml

3 C. Codagnone, M.A. Wimmers, Roadmapping eGovernment Research, eGovRTD2020 Project consortium, 2007. En ligne sur http://www.egovrtd2020.org,- projet auquel les responsables de ce projet (S. Assar et I. Boughzala) ont participé

4 H. Chesbrough, Open Innovation: The New Imperative for Creating And Profiting from Technology, Harvard Business Press, 2003.

5 J. West, W. Vanhaverbeke, H. Chesbrough, "Chapter 14: Open Innovation: A research agenda", dans H. Chesbrough, W. Vanhaverbeke, J. West, Open Innovation: Researching a New Paradigm, Oxford University Press, 2008. Des extraits disponibles sur http://www.openinnovation.net/index.html

6 op. cit.

7 J. Baumgarten, M. Chui: "e-Government", McKinsey Quarterly, n°4, 2009, accessible en lignehttp://www.mckinseyquarterly.com/Business_Technology/E-government_20_2408

8 Le Sphinx, logiciels d'enquêtes et d'analyses de données

Dernière mise à jour : 05 novembre 2010